4 septembre 2013
La seule grande ville du Newfoundland
En arrivant à St John’s la veille au soir sous la pluie et dans la nuit, la capitale du Newfoundland et Labrador ne se montrait pas sous son meilleur jour…sans jeu de mots!!!. Arrivant de Fogo Island, une île totalement perdue au nord-est de la Province, l’idée de revenir dans une « grande ville » ne nous enchantait à priori, pas énormément. C’était sans compter avec les atouts incroyables que compte cette ville portuaire du bout du Canada, qui a réussi en à peine quelques instants, à nous faire changer d’avis. Le temps s’était nettement amélioré, on pouvait compter sur quelques rayons de soleil providentiels…
Cape Spear, là où commence le Canada..
Mais avant de visiter véritablement la ville, il était absolument indispensable de partir à l’assaut du Cape Spear, le point le plus à l’Est de toute l’Amérique du Nord. Les conditions météo sont réputées difficiles à cet endroit, les caps en général sont souvent dans la brume, ventés, humides et froid…ça n’a pas manqué; au fur et à mesure de la montée vers celui-ci, les conditions devenaient de plus en plus apocalyptiques et je pèse mes mots. La visibilité baissait tellement qu’on se demandait bien ce que l’on allait pouvoir découvrir. Après 20 minutes de voiture, plein Est bien sur, la couche de brouillard est plus dense que jamais et l’on se dit que les navires qui naviguaient avant les GPS, les radars et les sonars avaient bien besoin des phares comme celui de Cape Spear pour éviter de se fracasser sur les rochers. Aujourd’hui l’ancien phare, à cet endroit mythique, a été remplacé par un nouveau « lighthouse » plus moderne où bien sur le gardien de phare n’a plus sa place.
Tourné vers l’horizon
L’endroit est célèbre surtout pour être le point le plus à l’est de toute l’Amérique du Nord, les canadiens en sont très fiers et les habitants du Newfoundland encore davantage. C’est parfaitement symbolique bien sur, mais pour eux, c’est ici que le Canada commence…ou se termine selon le sens dans lequel on se dirige. Les habitants de Saint-John’s ont forgé grâce à cela une mentalité particulière, ils sont davantage tournés vers l’horizon, vers l’Europe et le lointain. Ils aiment imaginer ce qu’il y a devant eux, tout là bas, très loin. ils ont dévellopé un état d’esprit qui leur est propre et que l’on ne trouve pas forcément ailleurs au Canada. En tant que français et européens, nous nous sentons bien ici, ( on est bien partout!!) un peu moins dépaysé parfois que dans le reste de la province plus profondément ancrée dans ses racines anglo-saxonnes.
Le phare d’Amherst
Plus au nord, et sur le retour de Cape Spear, notre nouvelle vocation de « chasseurs de phares » s’est encore enrichie d’un petit bijou à Amherst, lieu d’un ancien fort. Version rouge et blanc comme le drapeau canadien, celui ci permet aux adeptes de ballades d’apercevoir déjà Saint-John’s d’une autre façon, de l’autre coté de la baie, avec une vue magnifique sur ses maisons multicolores.
Une cité multicolore
Il faut dire que lorsque l’on aperçoit Saint-John’s de l’extérieur, on est tout de suite frappé par la multitude de couleurs chatoyantes qui égayent cette cité portuaire du bout du pays. On a l’impression que chaque habitant veut se différencier de son voisin par un coloris différent, ce qui donne un ensemble tout à fait gai et harmonieux. D’abord de loin, puis à l’intérieur de la ville, quel plaisir d’immortaliser avec notre précieux Canon toutes ces maisons au charme incomparable. On retrouve souvent ce type de décor dans les pays du nord, la Scandinavie étant bien sur un modèle en la matière, comme nous avions pu le constater l’an dernier à Fjällbacka, en Suède. Saint John’s de plus, est la perfection en matière de port; on comprend immédiatement pourquoi il y a quelques centaines d’années, les premiers habitants, surement des marins, ont eu envie de s’engouffrer dans ce goulot (narrows) pour découvrir une baie totalement à l’ abri des intempéries et bâtir ensuite une cité tout autour de celle ci.
Moderne et historique
Premier objectif en attaquant les premières pentes de la ville multicolore, les « Rooms », un grand édifice ultra moderne, qui heureusement ne jure pas trop avec le style ambiant, bien au contraire, celui ci, sur les hauteurs de la ville s’harmonise parfaitement avec son entourage malgré sa taille imposante, pas trop dans le style local. Ce batiment comprend à la fois un musée, des archives servant aux étudiants, des galeries d’art, des restaurants et tout cela dans un style très moderne et plutôt de bon goût. Celui ci domine la ville, on s’est régalé ensuite en parcourant les rues avoisinantes et surtout la célèbre rue Victoria, truffée de mignonnes demeures souvent très anciennes ce qui nous a plutôt réjoui, étant peu habitué à en rencontrer depuis le début de notre voyage.
Une ville différente, une âme et un coeur
Saint-John’s est une ville à dimension humaine, ici, pas besoin de voiture. La notre est restée sur le parking du Rooms et la poursuite de la ville s’est poursuivie à pied, arpentant les différentes rues, telles Water, Saint-Georges ou Duckworth pour ne citer que les plus connues et les plus attractives. St Jean de terre-Neuve, comme on dit en français, ne ressemble pas aux autres viles canadiennes classiques, taillées à angle droit, et dénuées de véritable centre-ville. Cette ville du bout du monde, pour nous,, européens, a une âme, un coeur, et on sent que malgré son cararctère historique et peut être un peu désuet par moment (influence britannique), la jeunesse a l’air de s’y épanouir.
Fort Cabot, à pile ou face dans la brume de Cap Spear
Il n’y a qu’à voir le nombre de pubs, restaurants (pas des chaines de fast-food, tiens au fait, on n’a pas vu de MacDO!!), magasins branchés, galeries d’arts, peu de voitures énormes style Pick-up et 4X4 comme partout ailleurs, et l’on comprend que Saint-John’s est une vile à part, une ville différente qui mérite, malgré son éloignement tout relatif, une visite qui vous ravira à coup sur (Londres-Saint-John’s se fait facilement)…en tout cas , cela a été notre cas, au dela de nos espérances. Saint-John’s est la surprise de notre voyage.
Pour finir la journée, direction Signal Hill et le fort Cabot (du nom du découvreur du Newfoundland John Cabot en 1497); à quelques minutes du downtown, nous voilà déjà dans la brume retrouvée, venant certainement de Cap Spear, et qui joue avec nos nerfs, nous laissant à peine quelques secondes à chaque fois pour entr’apercevoir la ville et son port. On a tenu bon, la vue était trop belle depuis ce fort multi-centenaire…
Demain, déjà, nous prenons la direction du retour, d’abord à destination du port d’Argentia d’où nous allons reprendre le ferry pour North-Sydney et la Nouvelle-Ecosse, avant Antigonish et Halifax pour finir en beauté notre séjour dans les provinces maritimes canadiennes.