Barcelone, mon premier semi-marathon 🇪🇸

Réveil matinal…

Barcelona, 16 février 2014, 6 heures du matin, appartement 181 au 08028appartments dans le quartier Les Corts. Voilà maintenant 5 mois que j’attends ce moment, 150 jours, 850 km, et 105 entrainements que je me prépare pour ces fameux 21,097 km de Barcelone.
Et là nous y sommes, il fait encore nuit, j’ai essayé de ne réveiller personne en préparant mon petit déjeuner et mon plat de pâtes, mes sucres lents. Bizarrement, je ne suis pas stressé ou inquiet, bien au contraire, plutôt impatient d’en découdre avec cette épreuve que je n’ai encore jamais réalisée officiellement en compétition.
Je prends mon temps tout en regardant ma montre. La veille, quand j’étais allé récupérer ma puce électronique (pour déterminer le temps officiel), mon dossard et quelques gadgets offerts par l’organisation, on nous avait demandé d’arriver avec suffisamment d’avance. La course débute à 8h45, j’ai décidé d’y être vers 7h00, je sais, ça fait tôt mais j’ai très envie de profiter, de m’imprégner de l’ambiance. Et puis, on ne sait jamais, nous sommes tout de même 14000 au départ de la course, cela représente une organisation incroyable. Nous serons répartis en 5 groupes suivant le temps que l’on pense faire, nous avons chacun une couleur. J’ai le vert, ceux qui pensent faire entre 1h40 et 1h55, ce qui constituera le 4 ème départ.

Capture d’écran 2014-02-20 à 22.21.26Prêt pour le départ

Mes affaires sont prêtes, je les avais préparées la veille, je jette un petit coup d’oeil par la fenêtre pour voir le temps qu’il fait. Comme les deux jours précédents, beau, chaud, même s’il est encore tôt, ça s’annonce super bien. Je m’habille de façon à être pratiquement prêt pour la course, je n’aurai qu’à enlever mon bas de survet ainsi que le haut, tout mettre dans un sac et confier tout ça à la Guarda Ropa (la consigne). Ah, encore une chose très importante, surtout ne pas oublier les ravitaillements, on appelle ça des fusées, des espèces de fioles contenant des gels énergisants hyper sucrés, pas très ragoûtants, mais hyper efficaces. J’ai prévu d’en ingurgiter au 7ème kilomètre, au 14 ème et éventuellement vers la fin, au 18, 19 ou 20 ème au cas où j’aurais un petit coup de bambou…faut toujours se méfier de la fringale dans les épreuves d’endurance. Tout semble bien aller et d’un seul coup, d’un kilomètre à l’autre, plus rien, plus de jambes, plus d’énergie, plus moyen d’avancer. on va éviter…

IMG_2612Dans l’ambiance

6h30, l’heure avance, il est temps d’y aller, je vais prendre le métro, la station est juste devant l’hôtel. Nathalie dort encore, discrètement je vais la prévenir de mon départ, elle viendra m’encourager tout à l’heure sur le parcours avec Kirsten et Hugues. Il fait encore nuit quand je descends dans la station « Les Corts ». A l’heure qu’il est, je croise les fêtards de la nuit qui rentrent se coucher, certains sont dans un état « difficile ». Je me dirige vers la Plaça d’España où je dois effectuer un changement pour rejoindre la station « Arc de Triomf » le lieu du départ. Dans le métro, je croise des coureurs qui comme moi, se sont levés tôt et qui ont l’air déjà très concentrés, déjà dans la course. Je ne réalise pas encore vraiment que dans moins de deux heures aura lieu le départ. Ca a l’air encore loin. J’arrive enfin sur le lieu où il faut laisser ses affaires mais je préfère encore rester bien habillé. En effet, une fois que l’on donne son sac à la consigne, on ne peut plus le récupérer avant la fin de la course. Pas grave, j’attends, la foule commence à arriver, de plus en plus nombreuse, des coureurs et aussi leurs accompagnants. La plupart ont l’air catalans, je n’entends pas trop de langues étrangères, quelques français, allemands, anglais mais me sais qu’il y’a des coureurs du monde entier, même d’Australie ou du Brésil. Je profite de l’instant présent, la tension commence à monter, le jour se lève et de plus en plus de concurrents affluent, viennent aux infos. Il y a surement pas mal de coureurs aguerris mais aussi des débutants comme moi qui semblent un peu perdus au milieu de cette foule.

cap2Ca y est, c’est parti…

8h00 passé, plus que 3/4 d’heure avant le grand départ, je décide à présent d’aller confier mes affaires au « Guarda ropa », je vais devoir me mettre en tenue course, quitte à avoir un peu froid. Je vais en profiter pour aller m’échauffer en courant gentiment, puis rejoindre le lieu du départ situé à quelques centaines de mètres de là, à coté du parc de la ciutadella. Il me faut rejoindre la zone verte, délimitée devant et derrière par des barrières et des bénévoles faisant partie de l’organisation. Encore quelques minutes et ça y est, enfin…le premier départ concernera les « jaunes », avec en tête le kenyan Kipchoge vainqueur l’an dernier déjà et Florence Kiplagat la kenyane qui vient avec l’ambition de battre le record du monde féminin du semi.(elle le battra en 1h05mn12s…BRAVO à elle)

cap5

Je suis bien, heureux d’être là, au milieu de tous mes collègues coureurs. Devant nous se trouvent 3 lièvres portant le temps « 1h40 » sur des espèces de banderoles accrochées dans le dos et flottant au dessus de leurs têtes…facile à repérer. Comme j’ai l’intention de réaliser moins d’une heure 45, je me dis que ça serait sympa de les suivre. On verra bien, si tout se passe bien, je serai peut être même un peu devant.

Un parcours superbe

8h45, les jaunes sont partis, 6 kenyans sont déjà certainement devant en train de mener bon train; puis les rouges et les bleus et enfin c’est notre notre tour d’être tranquillement amené au départ, 6 minutes environ se sont déjà passés depuis le vrai départ. Ca y est, c’est parti, les premières foulées sont libératrices, chacun essaye se frayer son chemin au milieu de la foule. Rapidement, le « troupeau » s’étire, chacun prend son rythme. Inutile de s’affoler, 21 km c’est long, plus d’une heure trente d’effort qu’il faudra gérer. Les premiers kilomètres sont agréables, presque trop faciles, je commence à rejoindre les « bleus » et en doubler certains. La tête toujours froide, pas d’euphorie, pas d’exaltation, je découvre au kilomètre 4, Nathalie, Kirsten et Hugues qui m’encouragent, j’avais dit à Nath que je porterai un t-shirt rouge afin qu’elle me repère mieux; ça fait du bien mais à ce moment là je suis facile et je ne vois pas les kilomètres défiler.

IMG_0888Magnifique public espagnol

Le parcours est superbe, peu de dénivelés, de longues lignes droites, des avenues larges, et des quartiers supers sympas où je ne serais pas forcément allé en tant que touriste. J’ai le temps d’apprécier le décor, la foule qui nous encourage, nous acclame même, ça fait chaud au coeur, j’ai pratiquement les larmes aux yeux, de bonheur…kilomètre 10, deuxième ravitaillement, difficile tout de même à environ 13 km/h d’attraper un verre rempli de liquide énergisant bleu fluo…les 3/4 du verre se retrouvent sur le bitume, pas grave j’en absorbe quelques gouttes mais je sais que bientôt je vais reprendre un peu de gel énergétique que j’ai dans une petite poche de mon t-shirt. Kilomètre 13, on longe une voie de tramway, de l’autre coté se trouvent les concurrents devant moi, on les voit défiler pendant plusieurs centaines de mètres…je passe de l’autre coté de la voie de tram et c’est à mon tour cette fois de voir les « copains » qui se trouvent derrière, et ceci jusqu’au kilomètre 16. A ce moment là, on marche au moral et le fait de voir davantage de coureurs derrière soi que devant, fait égoïstement du bien, on se satisfait de peu… Au kilo n°15, c’est déjà le troisième ravitaillement, plus que 6 km, peut être les plus durs, pour l’instant ça va toujours, je suis toujours largement en avance sur mes prévisions, normalement si les calculs de ma montre GPS sont corrects, je devrais terminer avec environ 7 mn d’avance, soit un temps d’environ 1h38 mais prudence, la route est encore longue.

Capture d’écran 2014-02-21 à 22.29.43Nous longeons à présent la mer, c’est beau, puis le port olympique au kilomètre 19, je prends ma dernière fusée car je ressens à ce moment là comme un léger passage à vide, j’ai besoin d’énergie; quand on se rapproche de l’arrivée, il faut faire appel à son moral, sa volonté…la moyenne baisse un peu, j’en profite pour ralentir un peu la cadence de mes guiboles, allonger plutôt la foulée, avant d’attaquer le dernier kilomètre et éventuellement accélérer dans les derniers hectomètres.

cap1

Une arrivée difficile mais quel bonheur

L’ambiance est toujours sympa, tous les deux ou trois kilomètres se trouvent des groupes de musique qui rythment la cadence et nous encouragent, au kilomètre 20, ça fait du bien, les jambes sont lourdes, on a beau savoir que l’arrivée est proche, chaque mètre semble à présent en mesurer deux. Les premières arches de couleur annonçant la fin du parcours se profilent au loin de la ligne droite, une jaune, suivie d’une rouge, puis une bleue…enfin le panneau 21 KM apparait, mais le semi-marathon fait précisément 21,097 km et c’est un peu « pervers » de nous faire courir encore ces quelques dizaines de mètres supplémentaires. Tout le monde essaye de doubler tout le monde, ceux qui ont encore un peu d’énergie accélèrent la cadence jusqu’au dernier mètre. C’est ce que j’essaye de faire, c’est un peu crispé mais je suis trop heureux d’être là, ravi d’y être enfin arrivé. Tant de mois de travail, de labeur, de sueur pour 1H38 et 44 secondes de course. Cela parait dérisoire pour certains mais pour moi c’est crucial. Quand on décide de se lancer dans ce genre d’ aventure, on n’est jamais certain d’aboutir. L’hiver en Auvergne est une saison difficile quand il s’agit de sortir le soir pour aller courir; le froid, le vent, la pluie, la neige, la nuit ne donnent pas toujours très envie d’aller s’entrainer. Aujourd’hui, je sais que j’ai eu raison de faire tout ça, je me disais bien que ça finirait par payer. J’ai tellement aimé que je vais même continuer et à Barcelone, sans aucun doute, l’an prochain, je reviendrai. Le mois prochain, à Madrid, je me contenterai d’un 10 km mais déjà en 2015, j’ambitionne un autre semi-marathon dans une autre grande ville où nous adorerions revenir, Prague, en République Tchèque. Nice, le 27 avril sera le théâtre de mon prochain semi, encore un autre grand moment à venir, assurément.

Hasta luego en Madrid

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