Les Fjords de l’est…de Höfn i Höfnafirði à Egilstaðir 🇮🇸

21 juin 2015

Départ ce matin, comme tous les matins, sous la brume. Nous partons de ce petit port de pêche de 1600 habitants que nous appellerons Höfn pour simplifier mais qui normalement se nomme Höfn i Höfnafirði. De temps en temps, un peu de simplification dans les noms islandais ne fait pas de mal. A ce propos j’aimerais juste faire une petite parenthèse à propos de l’alphabet islandais afin de mieux pouvoir comprendre lire et comprendre certains noms.

L’islandais comporte deux caractères et deux phonèmes inconnus de la langue française :

  • Ð/ð/ (eth) équivaut au th anglais dans the  ; sa traduction conventionnelle en français est dh ;
  • Þþ (nommée þornthorn) équivaut au th anglais dans thing ; sa traduction conventionnelle en français est th ;

On a rapidement rencontré ces deux lettres dans beaucoup de noms propres en Islande et on s’est longtemps demandé comment les prononcer, alors on a essayé de se les faire expliquer. Honnêtement, aujourd’hui, je ne vous garantirais pas une prononciation parfaite mais au moins quand un islandais nous prononce les mots qui comportent ces lettres, on saisit beaucoup mieux la prononciation. La première fois que vous entendez Skeiðarajökull ou Stöðarfjördur, on ne fait pas les malins..on a fait répéter quelques fois!!

Parenthèse terminée, on est parti d’Höfn, capitale de la langoustine, vers l’est et plus précisément vers ce qu’on appelle: les fjords de l’est. Et si on précise « l’est » c’est bien parce qu’il y a des fjord de l’ouest, que nous n’aurons pas l’occasion de visiter cette fois ci.. on en garde pour une autre fois. Notre destination finale est Egilstadir, au nord des fjords, et qui est la plus grande ville de l’est avec…2200 habitants, c’est dire le peu d’habitants qu’on risque de rencontrer.

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La brume est terrible ce matin, on se fait un peu de soucis. Nous allons dans une région dont l’attrait principal repose sur les paysages, la visibilité est primordiale pour apprécier la beauté des lieux. En Islande, nous savons désormais que question météo, les choses changent très vite, et si vous n’aimez pas le climat islandais, attendez 15 minutes disent les islandais avec humour. C’est un peu ce qui se passera au cours de la journée, même si les nuages persisteront en grande partie.

Premier arrêt à Djupivogur, c’est le tout début des fjords, petit port sympa comme on les aime. On y célèbre ce jour là, la fête « orange ». On n’a pas compris pourquoi et ce que c’était exactement. Tout le village était décoré de la couleur orange, c’était marrant. En fait, on a remarqué que souvent dans les pays du nord, on aimait davantage que chez nous mettre des couleurs, notamment sur les maisons. Les toits ici en islande peuvent être bleu, vert, rouge ou orange..ça donne de la vie, surtout en hiver quand la lumière naturelle se fait rare.

On parcourt ensuite les 35 kilomètres du Berufjörður dans un sens puis dans l’autre. Depuis la Norvège, nous n’avions pas eu l’occasion de revoir des fjords. Ceux d’Islande sont très beaux mais moins impressionnants, car moins creusés. La couleur de l’eau est fantastique, d’un bleu incroyable. Au passage, on tombe sur une petite cascade comme on a l’habitude d’en voir souvent, celle d’Eyolfstadir. Au cours de notre voyage au pays de l’eau, il ne se passera pas une journée sans tomber, volontairement ou non sur une chute d’eau, parfois simple mais souvent très impressionnante. Les plus importantes cascades d’Europe se trouvent en Islande , tels Gullfoss ou Detifoss dont on reparlera plus tard.

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Souvent, au cours de ce parcours dans les fjords de l’Est, la route sera gravillonnée et non bitumée. C’est ainsi en Islande, le bitume s’arrête brutalement pour laisser place à des « flying gravels » comme ils disent. Apparaissent alors le panneau « Malbik endar », ce qui signifie: arrêt des routes bitumées.

C’est pour cela que l’on vous conseille largement de louer un 4X4, même tout petit. Nous avions un Suzuki Jimmy, pas grand du tout mais terriblement efficace pour passer partout. Honnêtement, je n’ai pas fait le calcul mais je pense que nous facilement passé 50% de notre temps à rouler sur des routes non bitumées, c’est parfois épuisant, il faut toujours être très concentré, les locaux ont des énormes 4X4 qui prennent plus de la moitié de la route et certains touristes, avec des voitures ordinaires pensent qu’ils peuvent passer partout. Au final, on est largement gagnant ne serait ce que parce qu’on est autorisé à emprunter, pour des questions  d’assurance, toutes les routes d’Islande (y compris les « F » dont je parlerai bientôt) contrairement aux voitures traditionnelles.

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Dans les fjords, compte tenu des difficultés de navigation et météo, existent beaucoup de phares. Honnêtement ils sont beaucoup moins jolis que ceux que nous avions rencontré au Canada, dans la province de Nova Scotia notamment. Ici ils sont juste fonctionnels, pratiques. De temps en temps, nous en avons rencontré un joli. C’était le cas en face de Djopivogur, le phare de Gislatangi, tout jaune orangé, tout petit et tout perdu à l’entrée du fjord.

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Après Berufjörður, direction Stövarfjörður, qui comme à chaque fois donne aussi son nom au fjord dans lequel il se trouve, ou alors est-ce l’inverse? Petite particularité du patelin, comme souvent à présent, l’Eglise du coin a été vendue et aujourd’hui, c’est devenue une guesthouse, très mignonne au demeurant, toute bleue..à voir par curiosité.

Le fjord suivant se nomme (attention les yeux!!) Faskrùðsfjörður. Particularité du village du même nom, des liens profonds l’unissent avec la France, et oui…Et on a découvert ça par hasard en arrivant dans le patelin, tout perdu au fond du fjord.

Ce village accueillit des marins français venant pêcher sur les côtes islandaises sur une période allant du XIXe siècle jusqu’en 1914. Le village abrite un musée rappelant les liens franco-islandais locaux, les panneaux de signalisation sont inscrits en deux langues : français et islandais. Entre 4 000 et 5 000 marins Français pêchaient chaque hiver sur les bancs d’Islande.

Faskruðsfördur était un fjord où les pécheurs français se donnaient rendez vous avec un navire ravitailleur venant directement de France, pour leur livrer du courrier, matériel, provision et du sel afin de poursuivre la campagne de pêche. Ce navire ravitailleur retournait le poisson de la première partie de pêche en France. Cette pratique fut interdite par la suite par les autorités danoises pour limiter la durée et les prises des goélettes lors de la campagne de pêche.

On en a profité pour visiter le musée consacré à cette période et le cimetière ou reposent 49 marins français, ça nous a tout de même fait quelque chose. Il faudra relire le fameux livre de Pierre Loti, « Pêcheurs d’Islande » qui parle justement d’une histoire d’amour entre une jeune bretonne et un marin pêcheur breton qui partait tous les ans pêcher en Islande et dont le bateau un jour ne revint jamais.

Le fjord suivant, le Reyðarfjörðdur est le plus grand de l’est, comme à chaque fois, le village du même nom se situe au fond du fjord qui parait interminable et incroyablement profond. Un grand complexe hydroélectrique qui alimente une fonderie d’aluminium donne à la ville un aspect industriel qui étonne dans la région. Les nécessités économiques et le dépeuplement ont obligé la ville à agir ainsi. La fonderie emploie tout de même 450 personnes, ce qui est énorme dans cette partie de l’Islande.

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en arrivant à Reyðarfjörðdur, et en consultant plus attentivement la carte, nous nous sommes rendus compte que pas très loin se trouvait Neskaupstaður, certainement, la ville la plus à l’est d’Islande. On décide donc d’y aller. Ce que l’on ne savait pas, et oui, c’est ça l’aventure, c’est qu’il fallait franchir un col..encore enneigé, pour y accéder. Col à coté duquel se trouvait même une station de ski, qui n’avait pas du fermer depuis bien longtemps, vu la quantité de neige qui s’y trouvait. On n’en revenait pas, on est tout de même le 21 juin, jour de l’été. Après vérification, les locaux nous ont appris que l’été avait pris 6 semaines de retard. Mais tout de même, de la  neige un 21 juin, il fallait venir en Islande pour voir ça.

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Après Neskaupstaður, beaucoup plus grand et actif qu’on ne l’imaginait, nous voilà reparti dans le sens inverse ( et oui au bout d’un fjord, il faut souvent faire demi-tour ) pour notre destination finale, Egilstaðir que nous n’aurons pas l’occasion de bien découvrir. La journée dans les fjords de l’est a été superbe mais longue, les kilomètres sont souvent interminables, les routes pas toujours bitumées rallongent les temps de trajet et le soir nous arrivons régulièrement tard, souvent après 9h00. Les propriétaires de gîte sont souvent très conciliants par rapport à ça, surtout en été ou les nuits n’arrivent jamais.

Départ demain pour Laugar dans le nord, nous serons alors tout près de Husavik d’où nous comptons bien aller voir les baleines, tant attendues depuis si longtemps.

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