6 août 2018
2ème jour de notre voyage en Mongolie..après avoir récupéré ma valise, oubliée par Aeroflot au cours de notre vol Moscou-Oulan Bator, nous voilà partis pour notre périple à travers ce pays incroyable. On ne sait pas encore exactement ce qui nous attend. On quitte la capitale mongole dans les embouteillages, comme dans nos villes à nous, pour on l’espère, trouver des grands espaces comme on les imagine, comme on les a vus à la télé, dans les guides, les magazines. Nous sommes en compagnie de Borgo, notre guide qui se débrouille en français et Ogii, notre super chauffeur qui s’exprime plutôt en anglais, juste ce qu’il faut pour qu’on puisse communiquer avec lui.
Au moment de quitter la capitale, Borgo nous propose d’aller visiter le plus grand monastère existant encore en Mongolie. Mais avant d’aller plus loin, il faut expliquer rapidement l’histoire récente de la Mongolie. Jusqu’en 1989 et la chute du mur de Berlin, la Mongolie était sous domination soviétique, et son gouvernement était pudiquement qualifié de « socialiste » ..pour ne pas dire marxiste. Officiellement , les mongols sont à 80 % boudhistes, et 20% chamanistes et ça, les russes, ne le supportaient pas. Ils ont donc détruit tout ce qui faisait référence à la religion, comme les monastères. Aujourd’hui, il n’en reste quasiment plus dans le pays, celui d’Oulan-Bator faisant figure d’exception. On se demande d’ailleurs, comment celui-ci a résisté à la furia bolchévique. Le reste du pays, on s’en rendra compte plus tard au cours de notre périple, n’aura pas été épargné, malheureusement.

monastère à UB
Le grand monastère d’Oulan-Bator, appelé Gandan, superbement bien conservé, est magnifique. A l’intérieur, se trouve le plus grand Boudha existant en Mongolie, haut de 23,50m. A l’origine, celui-ci était entièrement en or, mais a été totalement pillé par les russes. Une centaine de moines, au milieu des touristes que nous sommes, psalmodient par coeur, en sanscrit, une langue qu’ils ne comprennent même pas, des centaines de versets. On s’imprègne de l’ambiance bouddhiste , un peu comme au Nepal l’an dernier. Les moines, tout comme les lieux de culte, ont également souffert de l’anti-cléricalisme soviétique, plusieurs milliers d’entre eux ont été jetés de différentes falaises dans le pays et aujourd’hui ces lieux d’exécution, cruels, font l’objet de pèlerinages commémoratifs.
Il nous faut malheureusement quitter ce lieu apaisant car le Gobi nous attend, et surtout ses interminables pistes au milieu de nulle part. Rapidement, quelques km après être sortis d’Oulan-Bator, nous nous retrouvons dans la steppe. C’est parti pour un nombre interminable de km de pistes, sans carte, sans GPS, juste le sens de l’orientation et la connaissance incroyable du pays de notre chauffeur et de notre guide.
C’est très impressionnant, parfois, on se retrouve face à une bifurcation et là, on part à gauche, ou à droite, et on ne sait pas pourquoi. On est face à une immensité, l’horizon devant nous, et on se demande pour quelle raison, on se dirige d’un coté ou de l’autre. Le soleil sert de repaire, mais aussi l’orientation des yourtes que l’on rencontre parfois. Toutes les entrées de yourtes se trouvent orientées vers le sud. Parfois aussi quelques petites collines au loin doivent servir à Ogii, notre as du volant à se repérer.

L’infini…nos « routes » tous les jours
Et toujours un sens de l’observation très prononcé, chacun au volant de son véhicule dans ce pays, surveille les autres conducteurs, qu’il croise ou qu’il suit, ou voit au loin, afin de s’assurer que personne n’ait de problème. Et on est toujours prêt à se dépanner mutuellement. Dans ce paysage désertique, c’est absolument nécessaire et réconfortant..on perçoit beaucoup de solidarité entre tout le monde.
Nous nous arrêtons souvent à l’improviste pour boire un lait au thé (et non un thé au lait)…les mongols nomades sont très accueillants, ils sont toujours ravis de nous recevoir et Borgo est là, heureusement, pour servir d’interprète. Toute la famille vit dans la même yourte, souvent plusieurs générations.
Il y a également une « yourte cuisine » ou se trouvent le poêle et les gamelles, servant à préparer les repas. C’est dans celle ci qu’on fait nos premières expériences culinaires mongoles. Le lait de jument fermenté, et L’alcool qui est fait avec ce lait, le mouton bouilli, les gâteaux durs comme de la pierre..pas facile pour nos petits estomacs fragiles d’occidentaux.
Après plusieurs heures de pistes incroyables, dans un décor presque lunaire, et après avoir interrogé plusieurs familles sur la « route », nous finissons par trouver notre famille, au bout du monde. Nous nous installons à 4 dans notre yourte, avec nos deux compagnons de voyage. Le confort est très sommaire, 4 lits avec une planche, une table basse et quelques tabourets. Pas de fenêtre dans une yourte…la porte, dans la journée reste toujours ouverte pour apporter un peu de lumière. Nous sommes en été, la lumière est encore bien présente. On en profite pour se reposer un peu avant le repas. Nous sommes à 1500m, il fait un peu frais quand la nuit tombe, on en profite pour enfiler une petite polaire. La Mongolie, cela peut être du très chaud et aussi du très froid, il faut prévoir toutes sortes de vêtements quand on visite ce pays, même en été.
Le repas du soir est tel qu’on se l’imaginait, pas très varié. Le nomade mongol se nourrit avec ce qui l’entoure, ses animaux (moutons, chèvres, yaks, chevaux, chameaux ) et ce que ceux-ci produisent, comme le lait et ses dérivés. Au menu de cette première soirée loin de tout, du bouillon de mouton , avec la graisse bien sur , mais sans légumes. Les nomades n’ont pas de jardin, donc pas de légumes. Plus local, ça n’est pas possible. Il va falloir qu’on tienne le coup pendant 15 jours avec uniquement de la viande d’ovidés et du lait. Question sanitaires, cela se passe dehors, tout juste une petite boite de conserves, à l’envers, accrochée à un bâton, remplie d’eau..pour se mouiller le bout du nez et se brosser les dents.
Un peu plus tard, et pour la première fois depuis longtemps, nous nous installons à l’intérieur de notre sac de couchage, sur la planche du lit. La nuit va être longue…et fraîche, une petite averse inhabituelle ayant fait son apparition.
7 aout 2018
Réveil à la fraiche, et matinal..finalement la nuit s’est plutôt bien passée, même si le dos est un peu raide..quelques postures de yoga arrangent tout ça. Nous prenons le p’tit déj’ en compagnie de la famille, pas facile le mouton le matin, avec un peu de crème, entre du lait et du beurre, et toujours ce fameux lait au thé ( le sachet de thé est versé dans une thermos de lait bouilli!!)..on s’accroche!!
Départ pour notre deuxième journée dans le Gobi, direction le sud, et première étape quelques kms plus loin, un monastère en ruines. La Mongolie, malheureusement, a été dépouillée de tous ses monuments religieux par les russes, principalement avant 1940. Les restes de ce que nous visitons ce matin datent du 17ème siècle, cela donne surtout l’occasion de faire une petite balade sympa, ça grimpe un peu. On s’imprègne surtout de l’ambiance très zen, au milieu de nulle part. Les moines qui vivaient dans ce monastère, au 20 ème siècle, ont tous été massacrés par les russes, c’est véritablement une page de l’histoire mondiale que nous découvrons, avec horreur et stupéfaction. Un peu plus loin, histoire de nous amuser un peu, Borgo nous montre, au sommet d’une petite colline, une « fontaine aux yeux », censée guérir quelques problèmes de vision. On s’est bien sûr enduit les yeux de cet élixir de jouvence optique, on ne sait jamais…à l’heure où j’écris ces quelques lignes, j’utilise toujours mes lunettes de vue!!
C’est reparti pour au moins 40 km de pistes, notre chauffeur nous impressionne par sa dextérité au volant; par moments, on se croirait dans le Dakar. On rencontre quelques bergers, souvent à moto à présent, (des Dayun 150 d’origine chinoise), qui rassemblent leurs troupeaux pouvant atteindre jusqu’à 1000 têtes. On l’impression que notre guide les connait tous. En fait, les mongols sont si peu nombreux que quand ils se croisent, ils adorent papoter, taper la causette, on ne sait pas ce qu’ils se racontent mais ils donnent à chaque fois l’impression de se connaitre depuis toujours.
Un peu plus loin, nous retrouvons la « civilisation » dans la petite ville de Mandalgovi. Nous en profitons pour nous restaurer (avec des légumes)
, faire le plein du 4X4 et reprendre la route plein sud. Après plusieurs heures de chemins cahotiques, nous quittons subitement la route pour nous diriger vers les stuppas blanches, à mi-chemin entre les cheminées de fée de Capadocce et le Grand Canyon. L’endroit s’appelle Tsagaan Sudarga, un ensemble de falaises de toutes les couleurs, ocres, blanches, vertes etc..magnifiques en fin de journée quand la lumière tombante sublime cette nature incroyable.

Avec notre guide
On se trouve très près de notre campement du soir, un ensemble d’une quinzaine de yourtes..avec des douches solaires et des vrais WC.
Un repas au resto version self et une petite promenade digestive à la chasse au coucher de soleil ponctueront la soirée, que nous terminerons sous un kiosque en sirotant un thé aux dernières lueurs du jour. Un luxe dans cette immensité, au coeur de la steppe. Une belle nuit reposante nous attend, nous en aurons bien besoin car le lendemain, une grande et belle journée nous attend. La première journée dans le Gobi nous aura enchantés.
Merci de nous faire « vivre » le désert de Gobi …